Pascal RETE

Sublimer l’invisible

Dans un monde saturé d’images, qui va de plus en plus vite, j’ai choisis une voie radicalement singulière : voir là où le regard se détourne. Photographe de l’accumulation, des déchets, j’explore depuis plusieurs années une esthétique de la dissonance, un art de la révélation. Ma démarche croise les chemins de l’écologie, de la performance et de l’histoire de l’art.

D’abord voyageur et capteur d’instants, j’ai très tôt mis en place des protocoles performatifs pour produire des images, autant de rituels qui révèlent un rapport presque méditatif au réel. Aujourd’hui, je recentre mon objectif sur le déchet : non pas pour sensibiliser, mais comme matière première d’une poétique de la dissonance. Ce que la société cache, enfouit, écrase, brûle, je le donne à voir, à contempler.

Sublimer l’invisible, c’est là tout l’enjeu de mon travail : donner à ce que l’on ne veut pas voir une forme, une profondeur, une voix. Le plastique usé, abandonné, les couleurs criardes des objets de consommation, les matières compressées deviennent, sous mon regard, autant de tableaux modernes, et échos directs à la peinture abstraite, au pop art, à l’arte povera. Mes séries  “POP”, “Hommage à Mondrian”, “Compressions” revisitent avec audace ces grands courants tout en les ancrant dans une contemporanéité urgente.

Silence et contemplation. Mes images invitent à l’arrêt, à la méditation. Elles ne crient pas, elles soufflent un vent de douceur. Le regard s’y attarde, fasciné par les textures, les volumes, les contrastes. Loin d’un simple discours militant, j’engage une pensée visuelle sur nos modes de vie, sur les résidus que nous laissons, sur ce que cela dit de nous.

Je ne photographie pas seulement des déchets : je capte des traces, des fantômes de notre époque. Ma photographie peut s’apparenter à un geste de résistance, ou un acte d’attention. C’est une manière, en somme, de me positionner dans le monde et de nous inviter à faire de même.

Pascal RETE, Auteur-Photographe

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