Publications
2017 : Série compression dans « L’œil photographique » et « consoglobe ».
Centre d’art
2017, Intégration du fond d’œuvres d’art contemporain du centre d’art le Radar à Bayeux (14).
Expositions récentes
2016, LES FESTIVES D’ASCAINS (64), Festival de photographie, Déchets
2018, GALERIE FULLB.1, ROUEN (76), Un monde de déchets
2019, Exposition collective, Eglise de Touques (14), Un monde de déchets
2019, FESTIVAL PLANCHE CONTACT, Deauville (14), Icône
Biographie
Je m’appelle Pascal RETE, je suis photographe, artiste. J’ai commencé à photographier les scènes de vie familiale et les vacances avec l’appareil photo de mon père. A l’âge de 16 ans, j’ai acheté mon premier appareil photographique avec un job d’été. C’est le plaisir de regarder l’image, de scruter les détails, de me laisser séduire par la couleur, la lumière qui m’attiré tout de suite. Il y a un coté instantané du résultat par rapport au dessin ou la peinture. Le son du clic-clac, la magie ou la déception du développement, voilà tout ce qui me motive dans la photographie. Vers l’âge de 22 ans, j’ai commencé à voyager (Pérou, Bolivie, Venezuela, Trinidad et Tobago) et à photographier dans la rue. L’appareil photo s’est invité également sur mon lieu de travail où je photographiais en Noir et blanc la vie à bord d’un ferry transmanche. Hors saison, j’ai continué à voyager au Népal, Sri-lanka. Cette époque a symbolisé pour moi le changement, en effet, j’étais en quête de sens et de sagesse. L’Himalaya s’est imposé à moi comme une évidence, je devais disparaitre, aller au Népal. Dans le cadre de ce projet, j’avais en tête d’aider les gens sur place, de m’intégrer à une structure sociale. J’ai eu la chance de rencontrer Milan et Ramzi, deux professeurs universitaires népalais qui se lançait dans un projet de centre d’accueil pour enfants défavorisés à Pokhara. Milan, Ramzi et les enfants (Bipin, Sujeena, Pratikshya, Nawraj) m’ont accueilli avec beaucoup de générosité et de bienveillance. Pendant 4 mois, j’ai photographié la vie du centre et le monde extérieur en pleine révolution maoïste. La série « Nepal ka balbalika » était née. Je me souviens d’avoir eu en tête de manière consciente ou inconsciente des photographes humanistes (Sabine Weiss, Henry Cartier Bresson, R. Doineau, Willy Ronis…). De retour en France, j’ai commencé à tirer mes premières photographies à la chambre noir sur un agrandisseur Chromega afin de préparer l’exposition « Nepal ka balbalika ». Le témoignage de cette expérience et les photographies ont obtenu un vif succès. Cela a marqué le début d’une nouvelle aventure avec la création de l’association « l’Air de Rien » dont le but est de participer à la scolarisation d’enfants défavorisés au Népal au travers d’initiatives culturelles. Le projet a gagné le soutien de la Région Bretagne, du Département d’Ille et vilaine, du premier prix des initiatives jeunes de ville de Rennes (35), de la ville de Louvigné du Désert (35), le Crédit Mutuel de Bretagne et de l’association tous nus les mains dans les poches (35).
De 2007 à 2012, j’ai commencé à inventer des protocoles performatifs visant à produire des images, c’était l’expérience esthétique du déplacement, du voyage qui m’intéressait. Plusieurs séries sont nées durant cette période : « 10 minutes d’un promeneur », « 60 minutes », « Ocomète », « Réveil sur l’eau »… Ces protocoles étaient souvent des prétextes absurdes à voyager ou à réinventer les déplacements en essayant de s’affranchir des codes. Je voulais être poétique et garder une trace de ces expériences. Je me suis reconnu dans le travail de Bill Van, Hamish Fulton ou Richard Long avec cette idée de l’art comme expérience.
Entre 2012 et 2015, je suis entré dans une période transitoire dans laquelle je ne souhaitais plus m’imposer ces contraintes, ces protocoles. Mon regard s’est orienté sur le paysage et les espaces que je parcourais : Normandie, Bretagne, Moscou, Venise, Dakar. J’étais plus dans la photographie documentaire. J’ai découvert les photographies de R. DEPARDON à cette époque.
Depuis 2016, je m’intéresse à la beauté du déchet. L’activité humaine génère des milliards de tonnes de déchets par an et c’est un phénomène que nous ne voulons par voir. À travers mon regard de photographe, je tente de sublimer ce qui n’est pas regardable, de faire exister ce que nous voudrions enfouir et faire disparaitre. Je revisite ainsi différents courants artistiques qui relèvent davantage de la peinture ou de la sculpture à travers les séries « POP », « Hommage à Mondrian » ou encore « Compressions ». Ma démarche est à la fois écologique, documentaire et artistique car j’interroge les traces de l’activité humaine et la notion d’accumulation.
Pour moi le travail art et science est envisagé avec complémentarité, la science en tant qu’outil de création me permet de fabriquer du rêve. Les images que je conserve, doivent être techniquement réussies (flou, mise au point, exposition…), mais elles doivent avant tout dégager quelque chose. Il faut que cela me fasse rêver et que celles-ci s’intègrent dans une série. Il doit y avoir une certaine musicalité dans la série, sorte d’enchaînement fluide, doux, un peu comme une vague qui déroule. Individuellement chaque image doit me parler, elle doit être séduisante, méditative, voir même aller jusqu’à quelque chose de sacré. J’ai besoin que l’image et la série me transporte, m’arrache à la réalité pour accéder à un autre état, avec cette sensation d’avoir effectué un voyage immobile, singulier, étrange, doux, chaud, dérangeant… Le format carré (6×6) est celui que j’affectionne particulièrement, je le trouve plus moderne. Il va à l’essentiel, pas de fond perdu, pas de superflus. Il y a un côté minimaliste, efficace, direct que j’aime. Je le trouve ce format élégant. Derrière ce format, se cache un appareil photographique emblématique (Hasselblad), avec une visée au niveau de l’abdomen, un dépoli énorme comparé à un 24×36. C’est une véritable expérience de création en totale immersion avec son sujet, c’est presque épuisant mais tellement fantastique.
Une image, c’est un cadre. C’est comment je photographie mon sujet dans son environnement qui m’intéresse. J’essaie de faire ressortir ce que m’inspire le sujet ou ce que j’y vois. A travers mes photographies, c’est un peu de moi que l’on peut voir. La lumière joue un rôle important, la manière de jouer avec elle, la lumière du matin, du soir, du midi va impacter le rendu de l’image. J’effectue plutôt les prises de vues avec des lumières diffuses, dîtes automnales, hivernales ou printanières. L’aspect changeant de la lumière et le moment du déclenchement sont très important. La lumière choisie dit quelque chose, elle ajoute une émotion. La couleur, le ciel, les nuages, l’arrière-plan, les ombres, les éléments de nature participent à la création de l’image et sont bien entendu très important dans l’image. Le sujet photographié est matière, c’est lui qui donne la plasticité. Ce qui m’intéresse c’est cette puissance plastique. Les sujets que je photographie sont désignés comme voués à être éliminés ou disparaître alors que j’y vois une force esthétique qui demande à être révélée ou regardée, considérée sous un autre point de vue, celui-du beau.
Aujourd’hui, je suis spécialisé dans la gestion des déchets et je vois cet aspect comme un atout complémentaire à ma pratique artistique. Ma profession me donne accès à ces lieux, paysages et environnements éloignés du public.
Mes choix artistiques sont guidés par un projet, une impression, une exposition, un artiste, une œuvre, un procédé photographique, une couleur, le matériel utilisé.
Concernant la création, j’ai la plupart du temps une idée en tête assez précise de ce que je souhaite réaliser. J’imagine l’image, le format d’édition et les moyens pour fabriquer l’image. Mais parfois, en photographiant mon sujet, je découvre un aspect qui me guide, un détail, je m’y engouffre, je suis le chemin et je me retrouve face à une vision différente de ce que j’avais imaginé. En règle générale, j’imagine les grandes lignes de l’œuvre, mais je laisse la place à l’expérience photographique, à la rencontre avec la matière, je me laisse guider par mon intuition. « A la recherche du plus beau » et cela peut y révéler un peu de sacré. Je peux me laisser guider par le paysage, une impression, un détail, une lumière, une forme, un visage…
La contemplation et le silence sont des notions qui me sont chères et je tente d’attiser ces sentiments dans mes prises de vue. Il y a une dimension spirituelle que je peux ressentir lors de la création de l’image que ce soit au moment de la prise de vue ou lors de l’édition de l’image. C’est de l’ordre de la grâce, de la beauté. Quand l’image est bonne, je le sais tout de suite, je le sens en moi. C’est un peu comme être là au bon moment, au bon endroit en harmonie avec son environnement. C’est une sensation douce, enveloppante avec cette impression de ne faire qu’un avec le sujet et ce qui nous entoure. C’est un sentiment d’extra lucidité, de concentration et de plénitude. C’est la même sensation que peut ressentir un musicien en symbiose avec son groupe ou un surfeur avec la vague. L’instant de création, l’expérience de la création est sacrée, mystique, religieuse, méditative.
Etre artiste pour moi, c’est vivre, ressentir, expérimenter. C’est effectuer des choix de vie poétiques, créatifs. Etre artiste, c’est créer, transformer, exprimer des émotions à travers un médium que ce soit la peinture, la photographie, la musique, l’écriture, le cinéma. Etre artiste, c’est créer une expérience intime et artistique avec ses proches, c’est photographier une chaise à intervalles régulier lors d’un road-trip ; c’est promener une chaise sur l’eau d’un canal, c’est imaginer l’Ocomète pour se téléporter, c’est créer des sons, de la musique, c’est mettre la création au cœur de sa vie et de chaque instant.